"Des spectacles de création qui se jouent dans des salles des fêtes"

Le Centre dramatique national permet à des petites communes du territoire breton de programmer des pièces de théâtre de qualité. Les explications avec Solène Bodereau, en charge de l’itinérance.

 

Solène Bodereau, chargée de l’itinérance au Théâtre de Lorient

 

Dans le cadre de son association avec le Théâtre de Lorient, la compagnie Le Combat Ordinaire présente certaines de ses pièces dans des petites salles. Quel est le principe de cette itinérance ?

L’idée de l’itinérance est de proposer du théâtre contemporain dans des lieux qui ne sont pas forcément conçus pour ça. Il s’agit de vrais spectacles de création qui peuvent se jouer dans des salles des fêtes, des gymnases ou des préaux. L’idée est de désacraliser le théâtre et de créer un lien particulier avec les habitants. Les comédiens et les techniciens qui les accompagnent habitent sur le territoire le temps de la permanence artistique. Nous sommes dans une démarche d’aller-retour en offrant la possibilité aux habitants de venir ensuite, voir des représentations au Théâtre de Lorient.

Comment sont choisis les villes ou les lieux ?

Nous essayons d’aller dans des zones blanches éloignées de structure culturelle théâtrale. Certains rapprochements se font assez naturellement avec les élus, les associations ou des établissements scolaires. Dans d’autres cas, il faut convaincre de l’intérêt de voir du théâtre contemporain, expliquer chaque spectacle ou rassurer sur la prise en charge.

Quel est le coût d’un spectacle en itinérance ?

Nous sommes dans une démarche de co-construction. Le Théâtre de Lorient prend l’intégralité du coût du spectacle ainsi que l’accompagnement technique et la communication. Ce qui peut se chiffrer à près de 4 000 euros. Nous facturons en contrepartie un forfait itinérance de 500 euros sachant que l’organisateur-partenaire perçoit l’intégralité des recettes de billetterie. Nous demandons également l’organisation d’un pot d’accueil avec le public et un repas avec les organisateurs.

Cela signifie qu’une mairie, une association ou un établissement scolaire peuvent directement contacter le Théâtre de Lorient s’ils souhaitent accueillir un spectacle ?

Exactement ! Nous n’avons pas de fléchage budgétaire. C’est un choix politique et artistique de notre directeur, Simon Delétang, de tisser un nouveau réseau à l’échelle départementale et régionale.

Quels types de spectacles sont proposés en itinérance ?

Le format en itinérance se fait avec des équipes techniques et en plateau réduites. Cinéma de la compagnie Combat Ordinaire comprend un seul comédien et 5 personnes à la technique. Ce sont des spectacles qui ont vocation à tourner partout en France. C’est important que les organisateurs-partenaires puissent suivre ce travail de création. Pour la création de Sur l’Aile d’un Papillion, la compagnie Bloc Opératoire va par exemple rester une semaine en résidence dans la salle des fêtes de Plouay, dans le Morbihan. Les artistes et les techniciens vivent au milieu de la population. Ceux qui partent en itinérance apprécient ces rencontres avec les habitants d’un territoire.

Combien de spectateurs espérez-vous toucher en itinérance ?

Nous ne nous fixons pas d’objectifs d’autant que nous laissons la billetterie aux organisateurs-partenaires. À titre d’exemple, Retours, qui est mis en scène par Simon Delétang, a été vue par plus de 700 personnes à fin novembre. Au total, la pièce devrait être jouée en itinérance cette saison en Bretagne devant plus de 1 000 spectateurs.

Propos recueillis par B. Mo.

 

REPÈRE

Depuis sa prise de fonction à la tête du Centre dramatique national il y a un an, Simon Delétang a souhaité accélérer la représentation de spectacles de qualité décentralisée sur les territoires bretons. Il a créé cette saison un poste dédié à l’itinérance dont Solène Bodereau a la responsabilité après avoir été pendant cinq ans en charge des relations avec le public au Théâtre de Lorient 🌐

 
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