Dans les coulisses de l’arrivée des espèces menacées

Le parc animalier des Terres de Nataé à Pont-Scorff a pour objectif d’héberger d’ici cinq ans 80 % d’espèces menacées de disparaître. Un plan ambitieux qui nécessite des critères précis et exigeants.

Trois nouvelles espèces protégées sont arrivées cet été. Dans le cadre d’un programme européen de conservation, les Terres de Nataé accueillent depuis juin quatre tortues radiées de Madagascar. Ont suivi en juillet une femelle pudu du Sud et une femelle ouistiti pygmée qui a rejoint un mâle déjà présent au parc de Pont-Scorff. Point commun entre ces trois espèces : elles sont toutes classées sur la liste des animaux parmi les plus menacés dans le monde par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). « Notre vocation est d’héberger des espèces classées par l’UICN vulnérables, en danger voire en danger critique, précise Sébastien Musset, président fondateur des Terres de Nataé. Aujourd’hui, 60 % des espèces présentes dans notre parc atteignent ce niveau de vulnérabilité. D’ici cinq ans, nous souhaiterions atteindre le ratio de 80 %. » Cet engagement ambitieux doit s’accommoder d’un cahier des charges précis et exigeant. « À chaque fois, il faut étudier la capacité d’une espèce à s’adapter à un nouvel environnement et à évoluer au contact d’autres animaux », indique Valy Gourdon, chargée de la communication aux Terres de Nataé.

Bien-être des animaux
Le parc doit également s’assurer du bien-être des animaux. Des adaptations sont souvent nécessaires. « Nous avons par exemple des demandes pour recueillir des rhinocéros, relève Sébastien Musset. Nous refusons de le faire à ce stade faute d’espace suffisant. » Un projet d’extension pour porter la superficie du parc de 12 à 31 hectares pourrait permettre d’accueillir d’ici deux ou trois ans de grands herbivores sur un terrain de plaine.
La compétence des équipes entre également en ligne de compte. Il faut notamment disposer de soigneurs qui ont les capacités pour s’occuper des espèces. Deux ont par exemple été spécifiquement recrutés pour les éléphants. Les Terres de Nataé s’assurent aussi de pouvoir compter  sur des relais avec des associations présentes sur le terrain, là d’où sont originaires les espèces.
La capacité financière constitue un autre critère important pour accueillir de nouvelles espèces menacées. Pas simple pour un projet aussi récent que celui des Terres de Nataé. « Il ne faut pas oublier qu’il y a encore un an le parc de Pont-Scorff était fermé au public et qu’il y a deux ans il était en liquidation judiciaire
 », rappelle Sébastien Musset à la tête d’une PME de 47 salariés. L’entrepreneur table sur 150 000 visiteurs payants en 2023 pour entrer dans ses frais, développer les infrastructures et héberger de nouvelles espèces en danger.

7 associations soutenues sur le terrain
« Les Terres de Nataé répondent à un concept de parc « militant », souligne Sébastien Musset. Les visiteurs contribuent à participer à des actions in situ au niveau local. » Les Terres de Nataé soutiennent sept associations de protection sur le terrain. Récemment Bornéo Nature France, qui lutte pour la préservation de la biodiversité sur l’île indonésienne, s’est ajoutée aux organisations de sauvegarde du binturong, du panda roux, des panthères du Sri Lanka, des lémuriens de Madagascar, des grands félins africains et de l’ara de Lafresnaye (cf. article N° mars-avril 2023 pp 18-19). « J’aimerais pouvoir à terme offrir la possibilité aux équipes d’aller sur place pour travailler avec ces associations», admet Sébastien Musset. En attendant, le soutien des Terres de Nataé passe par l’apport de dons et une mise en lumière des actions des organisations. Avec pour objectif la sensibilisation du grand public au risque d’extinction des espèces menacées.

Sébastien Musset. Président des Terres de Nataé et Valy Gourdon. Responsable de la Communication devant le bassin de phoques

LES ANIMAUX DE LUMIÈRE
Du 20 octobre 2023 au 7 janvier 2024, les Terres de Nataé s’illumineront la nuit tombante. Une cinquantaine de scènes d’animaux lumineux seront disposées sur la moitié du parc. La balade nocturne durera environ 2 heures avec la possibilité de se restaurer sur place. « Le lieu est magique la nuit », promet Sébastien Musset qui a déjà pu l’expérimenter à l’occasion de la nuit des étoiles en août dernier.

Le partenaire chinois à l’origine du concept a déjà opéré à Singapour, à Cologne ou à Paris, aux jardins des plantes. Dans le cadre de cette collaboration, les Terres de Nataé ont été retenues site de référence en Bretagne pour les 60 ans de l’amitié franco-chinoise en 2024.

 

www.lesterresdenatae.fr

Pont Scorff (56)

 
 
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